4 Stones

4 Stones

Tio Manuel

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Voilà une trentaine d’années que Manuel Castillo aka Tio Manuel, œuvre dans l’ombre du Rock’&Roll. Ce fils de réfugiés espagnols va découvrir ses premiers émois musicaux pendant l’explosion Punk en France dans les années 77/78. A cette époque, il monte son premier groupe, les Spoons avec Dilip, futur batteur des Coronados. Le groupe est fortement influencé par les groupes Anglo-saxons, Clash, Pistols, Jam, etc. Le groupe connaîtra un petit succès mais n’aura pas la chance de pouvoir s’enregistrer.
Lors d’un festival Punk, Manu va rencontrer Wunderbach qui cherche un guitariste solo. Si au début, il n’est question que d’enregistrer quelques démos, rapidement, Manu se rend indispensable à la bonne marche du groupe. Des Spoons, il va ramener des titres comme « Guardia Civil » ou « Oublions L’Amérique ». Wunderbach se situe dans la seconde vague Punk Française, très influencée par ce qui deviendra le Street Punk. Dans leurs compagnons d’armes, on retrouve, La Souris Déglinguée et Oberkampf. La scène de l’époque n’est pas tendre pour les groupes et celui-ci ne verra pas la fin de l’année 84.

Mais l’histoire de Wunderbach ne s’arrête pas là. Le groupe ressurgit de ses cendres en 2005 et tourne depuis de façon assez épisodique. Le groupe se fend même d’un nouvel album en 2011, au titre pré-destiné : « Increvables ». Après l’aventure Wunderbach, Manuel Castillo rebondit immédiatement et forme les Outsiders un trio de Punk Reggaeïsant assez proche musicalement des Ruts anglais. Malheureusement sans management, le groupe va rapidement péricliter.
Les années qui vont suivre, verront des collaborations avec Joe Hell (Ex-Chanteur d’Oberkampf) puis avec un nouveau groupe, les Wicked Bouquet qui s’offrira le luxe d’ouvrir pour les Ramones. A cette époque, le bassiste organise une tournée française pour Judge Dread. Ce sera l’occasion pour Manu Castillo de jouer un an avec lui et d’apprendre toutes les ficelles du Ska.
En 2001, invité au Bataclan par la Souris Déglinguée pour jouer quelques morceaux, il rencontre Patrick Levy (Ex-Oberkampf) qui lui propose de faire un disque en espagnol. L’album est écrit en 3 mois. L’aventure Tio Manuel peut commencer.

L’album « Rumba Urbana » qui sort en 2002 pose les bases musicales des albums à venir. L’alchimie musicale se définit à base de rythmiques latines sur lesquelles vont se greffer des nappes de guitares, qu’elles soient blues, slides ou surfs. Les 2 premiers albums de Tio Manuel intégraient beaucoup de sonorités jamaïcaines (rythmiques Ska, Dub) mais cette composante va en s’amenuisant au profil du Blues qui devient prédominant dans le dernier opus (6 titres ouvertement revendiqués sur 11). Un autre point important, c’est que si son passé de guitariste de Punk Rock n’est pas franchement mis en avant, il en a néanmoins gardé les vertus cardinales. Malgré les couches de guitares qui se croisent, les albums ne souffrent d’aucune boursouflure : pas de solo inutile à rallonge ou de ces gimmicks dont raffolent les musiciens. La musique est construite mais garde de fait une fraicheur et une aération Ô combien nécessaire. « Four Stones » le dernier opus, malgré un parti pris affiché pour l’instrumentation acoustique (Guitare Folk, Dobro, Ukulélé) reste dans la continuité de « 3 cosas » (et des précédents albums) qui jouait sur les textures et les ambiances. Pour se mettre dans le ton, l’album ouvre sur une reprise de l’apocalyptique « Warhead » des UK-Subs sur laquelle, Paul Slack, le bassiste originel est venu rejouer sa partition. A contre pied de la version UK-Subs, le message de la chanson qui n’a pas perdu de son actualité, est amplifié par la douceur de l’interprétation. D’autres titres comme « Spanish Blues » ou « Get Down » semblent s’être échappés du précédent opus, mais d’une manière générale, il flotte sur l’album une douce mélancolie à l’image d’un « La Humedad », beau à pleurer. Les Punks-rockers sont des gens difficiles, mais s’ils réussissent à passer la trentaine, comme le bon vin, ils vieillissent mieux que les autres et l’aventure Tio Manuel en est le parfait exemple.

— Thomas Fleitour

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