Etat critique – 2/11/2019

Tio Manuel est à la croisée des routes. Cela se ressent dans son blues ouvert tous les vents. Un road movie passionnant

Le nouveau disque de Tio Manuel vous emmène aux frontières. Le petit Franchouillard a bel et bien, avec son expérience de vieux routard du rock’n’roll, obtenu son passeport pour les Etats Unis et son rêve américain qui peut facilement tourner au cauchemar.
L’anglais se succède à l’espagnol. Les petits airs andalous vont se confronter au gros blues qui tache. Pour ce voyage, Tio Manuel a ajusté un costume de mariachi aussi énervé que dans un film de Robert Rodriguez. Il y a de la sueur, de la tequila et de la musicalité.
Car ce n’est pas une posture! Tio Manuel transpire le blues et toute la culture qui tourne autour. Ce qu’on apprécie chez lui c’est cette vision. En effet sa musique (et surtout sa guitare) fait du cinéma.
On pense évidemment aux films poussiéreux et populaires de Rodriguez mais on a dans la tête les paysages fantasmés de Paris Texas ou même des ambiances ouatées de David Lynch. Comme tous ces cinéastes, l’artiste se tient à coté des marginaux, des hobos et des mal aimés.
Ce donne une oeuvre qui bourlingue, qui s’accroche à des riffs de guitare comme à une croyance. C’est roots et en même temps délicats. C’est la bonne route vers le bonheur !