Zicazine

Dos Tios

Il a fait les belles heures de quelques groupes punks nationaux dans les années 80 et participé à divers évènements majeurs du genre à la même époque et après s’être rangé des amplis durant une dizaine d’années, c’est à partir de 2002 qu’il est revenu avec des albums publiés sous son propre nom, des ouvrages dans lesquels son côté rock a naturellement pris le dessus … Conscient du fait qu’une bonne chanson doit contenir une belle mélodie mais aussi une histoire, Manu Castillo alias Tio Manuel fait aujourd’hui le pari de revenir vers nous avec un sixième effort personnel, un album de onze titres enregistré à la roots, en duo avec le dobro de son ami Gilles Fégeant, histoire d’être certain que les « Dos Tios » seront capables d’aller droit à l’essentiel et de nous proposer un répertoire fait d’une part de blues et d’une autre de folk, le tout joué avec énergie et porté par des couleurs formidablement acoustiques mais aussi par un chant éraillé au possible pour lequel le frontman partage son temps entre sa langue maternelle, l’Espagnol, et un Anglais qu’il soigne tout particulièrement. Lancé sans retenue dans des chansons où il évoque « Rosita », une gitane qui dépouille les passants, mais aussi « Roque Dalton », révolutionnaire salvadorien assassiné par erreur par ses compagnons de lutte, Tio Manuel semble ne jamais tarir de nouvelles choses à nous offrir avec des compositions comme « SPS (San Pedro Sula) », « AK 47 Blues », « Spanish Blues » ou encore « Hacia Frisco » mais aussi avec « Thirteen » emprunté à Danzig et enfin une adaptation du « Stones In My Passway » de Robert Johnson. De la finesse et du relief, une complicité entre la guitare et le dobro et même à l’occasion un peu d’harmonica déposé avec malice … Si les rockers qui se reconvertissent dans le blues avec le temps sont relativement nombreux, rares sont ceux qui réussissent à s’approprier les clefs de la maison d’aussi belle manière. Bien joué !