Disqu’Airs par Éric Allart & Jean-Christophe Pagnucco – 05/04/2023

Tio Manuel

05/04/2023

Le 8ème album de Tio Manuel, fièrement intitulé ¡ Ocho !, déboule dans les bacs (et sur ces maudites plates-formes) pour célébrer ce printemps 2023 en fanfare, et reprendre le propos exactement là où il l’avait laissé avec 7th Road, précédent effort remarqué et salué par la critique. Toujours très personnel, le répertoire ici proposé est au métissage, l’anglais percutant l’espagnol pour ce bouillant guitariste chanteur francophone mais qui, culturellement, a intégré le melting pot propre au courant americana dans ce qu’il offre de plus intéressant. Si la couleur musicale globale, baignée d’influences blues, n’est pas sans évoquer les dernières heures de Tom Petty & The Heartbreakers, la voix, détachée à souhait, la guitare saignante, l’orgue et les chœurs, nous rappelle que le plus beau véhicule d’un artiste interprète reste ses chansons, dont la qualité détermine beaucoup de choses. Le Voyage, au propos « kerouacain » en diable, évoque Neil Young, The Moment, le précité Tom Petty, Heading to Sorbas voit convoquer le fantôme de Link Wray, Box of Pictures ne serait pas renié par Van Morrison, tandis que Buckets of Rain est habilement emprunté à Bob Dylan, qui doit être étonné que ce petit titre enfoui à la fin du copieux Blood On The Tracks soit devenu un véritable standard folk blues. A l’évidence des influences répond néanmoins la réussite éclatante dans la construction de ce répertoire qui, justement, n’est ni évident, ni éculé, et demeure diaboliquement personnel. À se procurer, à écouter, à savourer et à applaudir en concert: Tio Manuel a bien des choses à dire et bien des routes caillouteuses à sillonner. (Jean-Christophe Pagnucco)