TIO MANUEL

Ecrit par Fred Delforge
jeudi, 16 mars 2023

¡Ocho!
(La Fugitive – 2023)
Durée 41’42 – 10 Titres

Il y a plus de quarante ans que Tio Manuel traine ses guitares sur les scènes de France et d’ailleurs, avec un parcours plus que remarquable au sein de la mouvance alternative qui le verra passer par les Spoons et Wunderbach mais aussi collaborer avec des artistes comme Joe Hell ou Taï Luc, et on en passe. S’il reste toujours proche de ses vieux potes et qu’il ne renonce jamais à reprendre la route à leurs côtés, cet artiste incontournable pour toute une génération mène avec brio une aventure personnelle qui se traduit cette année par un nouvel album, « ¡Ocho! », le huitième en date ! Accompagné de Gilles Fégeant au dobro, Rudy Serairi à la basse et Christophe Gillot à la batterie, rejoint à l’occasion par Laura Berstein et Sofia Miguelez aux chœurs, Slim Batteux aux claviers et Mat Le Rouge au saxophone, Tio Manuel reste fidèle à la ligne directrice tracée par ses deux précédents efforts et nous transporte entre blues, rock, folk, soul et boogie pour une sorte d’Americana au sens large du terme, dans laquelle les colorations latines ou même celtes s’invitent parfois de manière impromptue, mais toujours bienvenue. Pas besoin de parachute pour sauter dans le vide derrière Tio Manuel tant les occasions de s’accrocher à de solides mélodies et à divers hymnes en puissance sont nombreuses, avec des « Bad Cloud Blues », des « Box Of Pictures », des « Assassination Machine » ou des « Rock’n’Roll Kids » bien entendu, mais aussi avec une reprise piochée du côté de chez Bob Dylan, « Buckets Of Rain », ou encore avec des craqueries comme « Pasando Chañaral » et « Dani V. » qui finissent de rendre la rondelle totalement indispensable. La voix qui gratte parfaitement le fond de la gorge est un pur bonheur, d’autant plus que derrière elle, les guitares pleurent sous le poids du bottleneck et se laissent porter par un rythmique soignée… Vous y ajoutez des arrangements bien pensés et vous obtenez la preuve par l’exemple que c’est dans les vieux punks qu’on fait la bonne soupe !