Blues Again – novembre 2019

Issu de la scène punk hexagonale (Wunderbach, mais aussi La Souris Déglinguée comme accompagnateur on stage) Tio Manuel a depuis lors choisi une voie plus apaisée, traçant un sillon sur les traces du Gun Club, de Nick Cave ou Calexico. Fasciné par les Etats-Unis (mais plus que dépité par la situation actuelle), particulièrement la culture tex mex, il renoue depuis quelque temps avec ses racines latino, proposant ici une nouvelle fournée de titres anglo-hispaniques. Une route moins explosive donc, sur laquelle il avance avec fougue et détermination. Loin d’un simple copié/collé, il impose sa vision des choses, avec une maîtrise bluffante. On peut penser aussi à Manu Chao (le passage déclamé d’‘El Centro’ – maybe the next gate to hell !) mais un Manu Chao à la voix rugueuse, la gorge emplie de la poussière du désert.  Les collaborations font sens (le clavier de James « Black Diamond Heavies » Leg sur ‘The Golden Curse’, le violon de Melissa Cox sur ‘La Ruta Escondida’…) et les titres remarquables s’enchaînent : ‘Flamingo Blues’, hypnotique, monolithique, avec un solo ondulant comme un crotale dans le désert, ‘Andaluz’, ‘Love In Vain’ – pas celui de Robert Johnson puis des Stones, mais celui des Ruts de Malcolm Owen. Rien à jeter vraiment sur cette précieuse galette !
Marc Jansen