La « septième route » empruntée par l’artiste n’est autre que le chemin qui mène à ce nouvel album. Une route à ciel ouvert, martelée par le soleil, poussiéreuse, bordée de cactus sous un bleu céruléen. Le décor est posé. Le guitariste y vagabonde en compagnie de ses partenaires dans le crime, se plaisant à redessiner à sa guise le fameux crossroad, le point de croisement entre blues, folk et rock’n’roll. Du pain béni pour Tio Manuel et sa voix rocailleuse dont le vécu fait résonner les cordes vocales. Entre anglais et espagnol, les deux langues utilisées sur le disque symbolisant le point de rencontre de deux cultures que l’on se plaît à opposer, l’illusion est parfaite ; quand bien même l’album fût conçu en plein Paris ! Alors qu’il renoue avec l’électricité, la musique de Tio Manuel, gagne une épaisseur supplémentaire. Hypnotique et captivant, le groupe déroule le tapis de sons, laissant le temps nécessaire (souvent autour des cinq minutes) aux compositions de s’épanouir pleinement, entraînant l’auditeur dans la spirale tournoyante tout en prenant, à l’occasion, la tangente inverse (le rockabilly tenace de « Skinny Girl », « San Jose Junction ») vers un rock vivifiant. C’est un véritable plaisir que de vagabonder, en musique, en compagnie de l’artiste le temps de l’écoute.