Tio Manuel
Manu Castillo – aka Tio Manuel – fut le guitar hero du groupe punk-rock culte Wunderbach depuis le début des années 80. Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… Mais si vous cherchez sur le web ou sur votre plateforme de streaming. Je suis certain que des titres comme « Paris Londres ». « Week-end a Nanterre » ou « Oublions l’Amérique » ne vous sont pas inconnus. Certaines compos de Wunderbach font partie de notre mémoire collective musicale. En 2019, Manu décida de quitter le groupe et d’explorer de nouveaux horizons en solo. Et plus récemment, Il se permet de sortir à quelques mois d’intervalle un album « Live at Epinal » en août 2022 et un album studio «: Ocho !» en mars 2023. Deux opus de très bonne facture..?
Ozzyludo : Boniour Manu! C’est un plaisir et un honneur de t’interviewer pour le fanzine La Mine. Tout d’abord, pour nos lecteurs les plus jeunes., pourrais-tu presenter ?
Manu : Bonjour Ludovic. Bon on va faire court. Tombé dans le rock à 12 ans avec un album de Chuck Berrv. Première guitare à 13 ans. Premier groupe punk-rock en 1980, Les Spoons (influences Clash et Jam). Deuxième groupe punk, Wunderbach (1982 à 1984 puis 2005 à 2019). Collaboration à plusieurs projets avec des potes de l’époque: Catch 22 avec Joe Hell d’Oberkampf, Tai-Luc solo, Williams Traffic, La Souris Déglinguée… J’ai aussi joué avec Judge Dread en 1995 à Paris. Puis de 2001 à aujourd’hui mon proiet solo Tio Manuel.
En 2019, tu quittes Wunderbach. Tu en avais marre du punk-rock ?
Non, puisque l’ai même remonté Crocodile Candy, un projet soul-punk en 2020. Disons que c’est Wunderbach qui ne m’intéressait plus depuis plusieurs années. Je suis resté jusqu’en 2019 par amitié et puis j’en ai parlé à Marco et j’ai arrêté. Et ça les a libéré je pense de mon côté trop rock’n’roll et pas assez punk.
En 2022, tu enregistres ton premier live à Epinal, le tout d’une tonalité blues rock. Est-ce définitivement le stvle qui te correspond et dans lequel tu te sens à l’aise ?
Oui, on peut dire ça et même americana pour le style. J’aime mélanger le blues, le rock, le folk, voire country, etc… Et ça correspond à ce que j’écoutais avant le punk-rock et aujourd’hui.
Depuis le début des années 2000, tu as sorti plusieurs albums, en quoi « ¡Ocho! » est-il différent ? Représente-t-il une évolution ?
Tio Manuel a été un gros chantier il a fallu un peu de temps avant que ça ressemble à quelque chose. Le premier album avait de bonnes idées mais, à mon avis, frôlait la nullité. Le deuxième était un peu meilleur, heureusement, mais ce n’était pas encore ça. Je considère, en toute modestie, que ma musique a commencé à ressembler à quelque chose avec le troisième « 3 Cosas » sorti en 2008, puis « 4 Stones » (collaboration avec mon ami Paul Slack des U.K. Subs sur le titre « Warhead »). Si tu écoutes ce que j’ai fait depuis « 3 Cosas », tu trouveras un fil conducteur justement americana et hispano anglais en essavant d’éviter de refaire la même chose à chaque nouvel album. C’est forcément valable pour « ¡Ocho! ». J’y ai peut être mis une touche tex-mex et hispanique dont je ne peux définitivement pas me débarrasser !
Dis-moi si je me trompe, on retrouve dans « ¡Ocho! » des sonorités où planent les fantômes de Johnny Cash, Jeffrey Lee Pierce ou 16 Horsepower ?
Oui, tu as raison. Et aussi Willy Deville, Calexico, Townes Van Zant… C’est ma culture musicale.
Tu n’y chantes qu’en anglais et espagnol par choix artistique ? Le français ne sonne pas bien ?
C’est un choix depuis un certain concert à Austin puisqu’au début je ne chantais qu’en espagnol. J’ai participe au SXSW en 2006 et me suis retrouvé sur une scène de rock latino. Pas mal de ces groupes s’exprimaient en spanglish, j’ai trouvé ça cool et en discutant avec certains d’entre eux, j’ai compris qu’ils ne se prenaient pas la tête avec les langues. Ce qui comptait c’était la musicalité et le rythme des mots. Concernant le français, pas facile avec cette musique. En tout cas je n’y suis jamais arrivé.
Désormais, tu évolues dans un circuit et un écosystème différents du milieu punk. Est-ce qu’il t’arrive de rencontrer en live des anciens fans époque Wunderbach et si oui, quelles sont leurs réactions ?
Oui, bien sûr. Si ils connaissent mon son, ça se passe bien forcément. Pour ceux qui le découvrent, c’est la surprise et selon leurs goûts, ça passe ou pas. En général ça va… Joe Strummer lui-même s’était éloigné du punk. n’est-ce pas ?
Je pense que tu dois être en train de programmer des dates de concerts pour présenter ton nouvel album. C’est le moment de faire ta petite promo aux programmateurs des musiques actuelles des Hauts-de-France qui lisent notre fanzine. Qu’as-tu à leur dire ?
Qu’on est open pour jouer évidemment. Ça fait un moment d’ailleurs qu’on n’a pas joué dans le Nord. La dernière fois c’était à Lille et en Belgique à la fin des années 2000 !
Qu’y a-t-il dans ta playlist actuelllement ou quels albums vinyles ou CD écoutes-tu ?
Question difficile! Petite sélection éclectique du moment : Black Keys « Delta Kream », Hermanos Gutiérrez « El Bueno Y EI Malo ». Wilko lohnson & Roser Daltrev « Going Back Home », Hank Williams Jr « Rich White Honky Blues», Teskey Brothers « Run Home Slow».