TIO MANUEL -« Make Americana great again «
Dorénavant installé en Bretagne, l’homme cultive son amour des sonorités américaines et des espaces désertiques qu’il saupoudre de chant en Espagnol, d’où il tire ses racines.
DE PUNK À TEX-MEX, UNE GUITARE POUR BOUSSOLE
On l’a connu dans les années 80, guitare en bandoulière et blouson élimé, au sein des Wunderbach, groupe punk-rock français qui envoyait autant d’énergie qu’un concert des Clash sous amphétamines. Manu Castillo – devenu plus tard Tio Manuel – y forge son style : direct, électrique, sans tricherie. Puis vint le temps des routes parallèles : Outsiders, Catch 22 avec Joe Hell (ex-Oberkampf), ou encore des piges pour La Souris Déglinguée. Bref, une jeunesse passée à « muscler son jeu » façon Joe Strummer, version Val-de-Marne.
Dorénavant installé en Bretagne, l’homme cultive son amour des sonorités américaines et des espaces désertiques qu’il saupoudre de chant en Espagnol, d’où il tire ses racines.
En 2002, sous l’alias Tio Manuel, il enregistre Rumba Urbana. Le ton est donné : des rumbas qui sentent autant la banlieue que le Barrio, du rock qui regarde vers Austin et Mexico, et des refrains en espagnol qui claquent comme des slogans. Neil Young s’invite au détour d’un solo (Cortez the Killer en guise de clin d’œil), tandis que le fantôme de Strummer hante les refrains de ¡Asi es la vida! (2004). Plus tard, 3 Cosas (2008) s’impose comme un road-movie musical : frontières, barrios en feu, illusions américaines et guitares rageuses.
Tio Manuel n’a jamais cessé de tracer sa diagonale : 4 Stones (2013), The Ian Ottaway Project (2015) – ovni spoken word rock – puis Dos Tios (2017) avec Gilles Fégeant, « king of resonator guitar », pour des duels de slide dignes d’un duel Leone/Morricone. The 7th Road (2019) poursuit le voyage avec un line-up solide (James Leg aux claviers, Jeanne La Fonta aux chœurs), avant qu’un live capté à Épinal (Live ô Studio Micro-Climat, 2022) ne fixe sur disque la chaleur des concerts. En 2023, il publie son huitième album, ¡Ocho!, Americana à la française, soulignée de blues, boogie, folk et saxophone incandescent.
SUR SCÈNE, COMME AU BAR
On croise Tio Manuel sur les scènes de festivals blues, rock ou roots, la Gretsch en bandoulière et le sourire cabossé. Un set qui passe du tex-mex à la balade folk, du blues urbain aux refrains latinos. Une musique qui a le goût de la bière tiède, de la route poussiéreuse et des barrios colorés. Pas besoin de chercher le concept : c’est brut, festif, généreux. Comme si Calexico avait fait un détour par Champigny-sur-Marne.
2026 : THE TRACK OF THE MAGNIFICENT 9
Prochain arrêt : The Track of the Magnificent 9, neuvième album studio de Tio Manuel, annoncé pour le 27 février 2026. Premier signal dès l’automne avec le single Fall (17 octobre 2025), morceau porté par un riff americana et une voix grave et habitée, à la manière d’un Steve Earle, promesse d’un disque où l’Americana et le rock latino prendront des allures de western moderne. Magnifique, forcément.
